Kingsey Falls se mobilise pour ramener l'essence et sauver l'épicerie

Jeudi 12 juin 2025

Kingsey Falls a perdu sa station d'essence en juillet 2024, sa quincaillerie à la fin décembre 2023. Et voilà que son épicerie pourrait être menacée. Confronté à la situation, le milieu a bougé. Une coopérative de solidarité a été formée et un projet a été élaboré : l'implantation d'une nouvelle station-service tout à côté de l'épicerie qui l'opérerait afin d'assurer sa pérennité et renforcer l'autonomie locale.

Mercredi soir, de nombreux citoyens ont répondu à l'invitation de la Coop en assistant, au centre communautaire, à une rencontre d'information qui donnait aussi le coup d'envoi à la campagne de financement. « Le succès d'une coopérative passe par l'adhésion des gens », a soutenu le maire Christian Côté.

« Un sondage a démontré, a-t-il rappelé, que les gens veulent garder leur épicerie. Le but avec la station-service, c'est d'amener de l'achalandage, amener plus de clients et de volume au marché. »

Pour le moment, un conseil provisoire, composé du président Carl Blanchet, du vice-président Denis Aubut et du trésorier Christian Côté, a été formé.

Éventuellement, l'ensemble des membres ayant droit de vote procéderont à l'élection du conseil d'administration de la coopérative.

Projet de plus de 2 M $

Le projet dans son ensemble nécessite des investissements de plus de 2,2 M $, incluant l'achat du terrain, du bâtiment et la construction de la station-service. La coopérative serait donc propriétaire et louerait les locaux commerciaux qui s'y trouvent. L'exploitant de l'épicerie aurait aussi la responsabilité de la station d'essence. « La vente d'essence pourrait accroître de 5% à 10% les achats à l'épicerie », a souligné Carl Blanchet.

La Coop de solidarité de Kingsey Falls lance donc une campagne de financement et un appel à la mobilisation.

Cette campagne prend son envol avec un coup de pouce gouvernemental. Le député de Drummond-Bois-Francs, Sébastien Schneeberger, a profité de l'assemblée pour annoncer une contribution de 150 000 $ provenant d'un nouveau volet du Fonds régions et ruralité, le volet Commerces de proximité dévoilé en septembre 2024.

Il y a certes des parts pour les entreprises au coût de 500 $, mais du côté des citoyens, la coopérative vise 500 adhésions à 300 $ chacune.

La Ville de Kingsey Falls entend aussi faire sa part. Les élus ont décidé de consentir, pour chaque dollar des citoyens, un montant de 30 sous jusqu'à concurrence de 50 000 $.

Au total, en matière de financement participatif, il reste à amasser un montant de 175 000 $.  Les représentants de la coopérative souhaitent idéalement avoir bouclé le financement au cours des deux prochaines semaines afin de passer aux démarches suivantes, le financement à l'institution financière, la préparation des plans et devis et le lancement de l'appel d'offres.

« On n'aura pas l'essence à l'automne, mais de façon réaliste, les travaux pourraient commencer au printemps 2026 pour une mise en service à la fin du printemps », a fait savoir Carl Blanchet.

La rencontre d'information a permis à Carl Blanchet et Christian Côté de présenter tout ce qui a été réalisé à ce jour, notamment les résultats de certaines études.

La compagnie Harnois a évalué que la station d'essence de Kingsey Falls pourrait vendre entre 2,9 et 3,4 millions de litres annuellement. « Si on écoule 2,8 millions de litres, c'est un seuil de rentabilité viable sur 20 ans », a exposé Carl Blanchet.

Après la présentation, les intervenants ont répondu aux questions de l'auditoire, certains voulant savoir si le fait d'être membre de la coop comportait un avantage.

Tant que toute la dette n'aura pas été remboursée, aucun escompte ne sera consenti. Par contre, au moment où la Coop ferait des profits, il reviendra alors aux membres de décider s'ils accordent une ristourne, par exemple, a-t-on souligné.

L'ouverture de la station-service, a-t-on dit aussi, coïnciderait avec les heures d'ouverture de l'épicerie.

Il ne revient pas à la Coop de fixer le prix de l'essence. « On n'a rien à voir là-dedans, a répondu Carl Blanchet. C'est Harnois qui le fixe. La compagnie regarde la région, le marché et s'ajuste. Harnois investit dans le projet, elle y croit. »

En plus des questions, des résidents ont exprimé certains commentaires. « Le projet comporte peut-être un risque, mais il m'apparaît assez calculé. On aurait un service de plus qui créerait de la richesse, de la valeur dans notre village qui dispose de beaux attraits », a dit une citoyenne.

« Il s'agit d'un projet citoyen et d'une implication à long terme, a soutenu une dame. Il ne faut pas s'arrêter à notre contribution de 300 $. Ensuite, il faudra continuer de faire le plein ici. »

Et si la coopérative connaît un bon succès, elle pourrait mener d'autres projets. « On n'oublie pas le côté quincaillerie sans les gros matériaux, toutefois », a indiqué Christian Côté.

Les dirigeants temporaires de la Coop ont assuré les gens présents qu'ils allaient les tenir informés régulièrement de l'évolution du dossier.

Source : Claude Thibodeau, lanouvelle.net